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TRIBUNE

La démission d'Oskar Lafontaine repose cette question qui traverse l'histoire politique allemande depuis le XIXe siècle: gouverne-t-on pour ou contre l'économie? Les deux gauches allemandes.

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par Jacques-Pierre GOUGEON
publié le 18 mars 1999 à 0h11

La démission d'Oskar Lafontaine a mis en évidence une donnée

occultée pendant la campagne des élections fédérales de septembre: l'existence de deux gauches allemandes, devenues incompatibles au lendemain de la victoire. La première, incarnée par Oskar Lafontaine, entendait rendre à l'Etat et aux acteurs publics une place centrale dans la sphère économique, en régulant les marchés financiers et en impulsant une politique de la relance par l'augmentation du pouvoir d'achat des salariés. La seconde, portée par Gerhard Schröder, entendait prioritairement favoriser l'investissement par une fiscalité propice aux entreprises. Au moment de la préparation de la réforme fiscale et de l'accession de l'Allemagne à la présidence du Conseil européen, cette opposition était devenue irréductible. Finalement, le clivage se faisait autour du concept même de réforme revendiqué par ces deux tendances de la gauche. A lire l'enquête d'opinion du Spiegel (15 mars 1999), on peut penser qu'une majorité d'Allemands, d'ailleurs favorable à la constitution d'une grande coalition, choisit l'orientation Schröder. A y regarder de plus près, les choses semblent plus compliquées. En effet, ce débat dépasse le cadre du parti, du gouvernement et du groupe parlementaire pour avoir des retombées dans la société. Schröder ne s'y est pas trompé: dans une tribune du Süddeutsche Zeitung du 13 mars 1999, il se présente comme le rénovateur de la social-démocratie allemande et le pourfendeur de la «vieille gauche qui c