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Libération

Une défaite française.

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publié le 19 mars 1999 à 0h12

La démission fracassante de la Commission Santer ne constitue pas

seulement la gifle la plus phénoménale jamais reçue par l'institution européenne phare en quarante ans. Elle résonne également comme une faute française, comme une responsabilité française, comme un échec d'origine plus particulièrement française. La mise en cause impitoyable d'Edith Cresson, le commissaire européen le plus maltraité par le rapport des Sages, constitue un symbole humiliant pour la France. Il est très possible que l'intéressée ait péché par inconscience, par arrogance, par maladresse congénitale et par entêtement aveugle plutôt que par malhonnêteté. Il est certain que beaucoup, à la Commission ­ à commencer par son président, aussi inélégant que possible dans la circonstance ­, ont tenté d'en faire le bouc émissaire. Reste qu'un ancien Premier ministre tricolore, occupant une fonction européenne éminente, se trouve sur la sellette d'une façon qui ne peut qu'être nuisible et embarrassante pour l'image de la France à Bruxelles. Nous voici en tout cas privés pour un bon moment de notre propension à donner des leçons aux autres.

Il y a pire. Au-delà du procès personnel d'une femme qui s'est toujours attiré d'innombrables animosités, existe une responsabilité nationale infiniment plus grave: la France a toujours tout fait, depuis le début de l'aventure européenne, pour brider le contrôle démocratique de l'exécutif européen. Elle a sans cesse bataillé, majorité de gauche comme majorité de droite, pour