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Libération
TRIBUNE

Au nom du principe «républicain», certains étudiants et enseignants s'élèvent contre la création d'un concours «européen» à l'Ecole normale supérieure. Outre les résistances corporatistes, ce refus signe la frilosité de certains normaliens. République en ton nom...

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publié le 23 mars 1999 à 0h15

Une grande agitation règne ces jours-ci Rue d'Ulm. La création d'un

nouveau concours d'entrée, le concours «européen», en est la cause. S'ajoutant aux concours traditionnels, qui demeurent inchangés dans leurs formes et dont les effectifs vont même légèrement augmenter cette année, ce concours est conçu en priorité pour faire venir à l'Ecole normale des étudiants européens. «Indignés» par ce projet, un groupe d'élèves et d'enseignants, le plus souvent littéraires, s'opposent à cette réforme qui «remettrait en cause le principe même de concours républicain».

Depuis plusieurs années, l'Ecole normale supérieure s'est engagée dans la diversification de son recrutement, parce que son recrutement traditionnel n'est pas entièrement satisfaisant.

1) A l'heure de l'Europe, l'ENS compte encore très peu d'élèves étrangers, bien que ce nombre soit en nette augmentation depuis sept ans. Elle se prive ainsi de jeunes talents qui auraient pu venir en France si on avait souhaité les y attirer. Comparé à celui des grandes universités des autres pays, le faible nombre d'anciens élèves étrangers de l'ENS limite gravement son rayonnement international.

2) Les classes préparatoires forment une très grande partie des meilleurs élèves des lycées et leur donnent une formation d'excellente qualité, mais la nature de leur recrutement et de leur pédagogie privilégie un profil de «bon élève» précoce. Or être bon élève à 17 ou 20 ans n'est ni une condition nécessaire ni une condition suffisante pour deven