Ecrire l'histoire en direct, c'est une définition que l'on donne
parfois du journalisme. L'exercice ne va pas sans contradictions. On ne peut s'empêcher de penser que Pierre Favier et Michel Martin-Roland, journalistes à l'AFP, ont dû sans doute arbitrer avec beaucoup de circonspection, pendant deux septennats, entre ce qu'ils avaient envie de livrer tout de suite comme journalistes et ce qu'ils retenaient pour ne pas s'aliéner une confiance élyséenne qui leur a permis d'écrire l'histoire de la «décennie Mitterrand», dont le quatrième et dernier épisode vient de paraître.
Cette saga des années-Mitterrand a commencé à être publiée de son vivant. Autant dire qu'il était difficilement envisageable qu'elle s'écarte trop de la vision que le héros avait de son action, ni de l'interprétation qu'en avait l'entourage présidentiel, qui a généreusement aidé les auteurs de ses témoignages et en leur ouvrant des archives parfois très confidentielles.
Etre tributaire de sources privilégiées, c'est aussi être en mesure d'apporter des informations privilégiées. Et il n'en manque pas dans ces quelque 600 pages qui embrassent la période 1991-1995, commençant avec la calamiteuse nomination d'Edith Cresson. Mais durant ces quatre années vont surtout se jouer quelques scènes essentielles de politique internationale (Maastricht, la Bosnie, le Rwanda) et aussi se sceller la fin d'un règne mitterrandien qui, jusqu'au bout, côtoiera les pires épreuves, morales et physiques. Mais n'était-ce pas dans la