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Libération
TRIBUNE

Quelle boîte de Pandore?

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publié le 26 mars 1999 à 0h18

Sous le coup de l'émotion suscitée par les raids de l'Otan,

certains, comme Jean-Pierre Chevènement, regrettent qu'on ait laissé éclater la Yougoslavie titiste. Selon lui, «ce jour-là, on a ouvert la boîte de Pandore». Ainsi, tous les conflits qui ont ensanglanté les Balkans depuis 1991 ­ et les massacres perpétrés à Vukovar, à Sarajevo, à Srebrenica, à Racak ­ découleraient de ce péché originel: l'acceptation sans réagir de la dislocation de la Fédération yougoslave. Le ministre de l'Intérieur se garde bien de pousser son analyse jusqu'à dénoncer les responsables de ce geste fatal. Désignons-les, donc, pour mieux mesurer son erreur. En 1989 et 1990, les petites nations croate et slovène eurent l'outrecuidance de réclamer un droit inscrit en toutes lettres dans la Constitution yougoslave: celui de faire sécession. Les voilà les responsables locaux de l'éclatement de la Yougoslavie! Pourquoi diable ces deux républiques ont-elles éprouvé ce désir forcené d'échapper à l'étreinte du grand démocrate Slobodan Milosevic? La suppression illégale par Belgrade de l'autonomie du Kosovo et de la Voïvodine (en mars 1989) n'avait-elle pas de quoi inquiéter? Ainsi que les propos tenus par ce même Milosevic au Kosovo, en juin 1989: «La Serbie est à la veille de nouvelles batailles. Des batailles non armées, encore que celles-ci ne doivent pas être exclues.» Les propos de M. Chevènement trahissent une conception très XIXe siècle des relations internationales. A cette époque bénie, les «Puis