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Libération
TRIBUNE

Le témoignage d'un enseignant britannique en poste à Novi Sad: «Où tombera la prochaine bombe? Et surtout, pourquoi?»

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par John ROGERS
publié le 29 mars 1999 à 0h19

Je suis Britannique, né à Charleroi où j'ai passé mes vingt

premières années, professeur d'anglais, en poste à Novi Sad en Yougoslavie depuis six mois. Je suis alarmé par la manière dont la presse occidentale rend compte de la guerre contre la Yougoslavie. Je ne suis qu'un enseignant ordinaire essayant de faire le meilleur travail possible, mais je crois que le fait de vivre «de l'autre côté» peut apporter à vos lecteurs une perspective différente.

Il est déplorable que politiciens et journalistes expliquent l'intervention de l'Otan comme étant totalement justifiée par des raisons morales et humanitaires ­ cela relève soit du mensonge soit de l'ignorance.

Comme la plupart des gens que je connais ici, je fais partie des «progressistes», opposés à la politique autoritaire de Milosevic. Mais l'Otan peut se féliciter d'avoir, en quatre jours, réussi ce que Milosevic tente d'accomplir en vain depuis une décennie: rallier autour d'une cause commune ­ si pas autour de lui ­ tous les Serbes de toutes les régions, et renforcer le sentiment national.

Il est déplorable que les médias présentent ce conflit comme un duel entre l'Otan et Milosevic. Ce dernier, ainsi que son entourage politique, ne sont en aucune manière menacés par les frappes aériennes. Ce sont, en fait, les populations civiles qui sont le plus menacées. Je ne pourrai jamais oublier ce mercredi 23 mars, lorsque les premiers missiles sont tombés sur Novi Sad. Notre maison a tremblé et, des heures après les explosions, l'air é