Il était prévisible que, laissés sans protection, les Albanais
subissent des violences encore plus sévères que celles subies au cours des dernières années. Il est difficile d'imaginer que les autorités politiques et militaires de l'opération ne l'aient pas pris en compte. Comment en douter? Elles étaient pris entre deux impératifs: l'exclusion de tout emploi de troupes au sol et le caractère inévitable de l'intervention. En prenant en considération les risques encourus par les Albanais, l'équation était insoluble: c'est ainsi qu'elle est tragiquement demeurée.
L'effet dissuasif que la puissante armada aérienne pouvait avoir sur Milosevic et son peuple a certainement été surévalué. Et c'est justement cet aspect du drame yougoslave qui a tant compté durant la guerre en Bosnie qui a été oublié. On a pensé que les responsables politiques et la société serbe étaient plus raisonnables que les féroces bandes serbo-bosniaques. Effectivement, ils sont différents. Mais ils ont en commun le même état d'esprit: ils ressentent les événements passés, vieux de plusieurs siècles, comme s'ils dataient d'hier: ils vivent leur histoire même antique comme un passé proche étroitement lié au présent. Dans les moments de tensions, ce sentiment se renforce et s'accompagne d'un complexe de persécution qui a des racines lointaines. Il en naît un mélange mortel qui, ces jours-ci, agit au Kosovo, comme en 1995 à Srebenica, où furent massacrés huit mille Musulmans (").
Pour Milosevic, les bombes qui pleu