Comme j'aurais été heureux, enfant de 4 ans, quand les nazis
envahirent la Pologne, de pouvoir applaudir à la nouvelle que les avions alliés seraient venus bombarder Berlin, Hambourg et Munich pour nous sauver des mains des bourreaux. Comme aurait été heureux un enfant du même âge de Sarajevo à la vue des avions de l'Otan venus attaquer les forces serbes engagées sur le sol bosniaque dans un sinistre nettoyage ethnique. Sur ce point, sur ce point seulement, je suis d'accord avec mon ami Bernard-Henri Lévy: l'initiative de l'Otan en Yougoslavie vient huit ans trop tard (Libération du 26 mars). Cependant, lui, suit l'adage populaire «mieux vaut tard que jamais». Je pense, pour ma part, que l'Histoire, comme une rivière, n'est pas immobile et que les situations changent. Je pense même qu'aujourd'hui, tout individu, avant de s'engager, ferait bien de répondre honnêtement aux deux questions suivantes: 1 Sommes-nous prêts à soutenir, par tous les moyens, ce que Lénine appelait le droit automatique des peuples à l'autodétermination? Plus clairement: les Kosovars ont-ils raison de prendre les armes et de combattre pour leur indépendance? Les nationalistes corses ont-ils raison de prendre les armes et de combattre pour leur indépendance? Les Basques"
2 Contre les pouvoirs fascistes, les frappes aériennes sont-elles l'unique moyen qui s'offre aux régimes démocratiques? Je ne suis pas un adepte inconditionnel de la thèse de Lénine à laquelle le président américain Wilson avait sous