Le projet d'unité européenne a été conçu comme une réponse aux
angoisses engendrées par le nazisme, avec pour mot d'ordre: «Plus jamais ça!». Ce projet de civilisation rencontre son heure de vérité au Kosovo, confronté à un crime planifié; non pas à des centaines de milliers de réfugiés mais à des déportés; non pas aux habitants du Kosovo mais à sa majorité, essentiellement musulmane, trié des Serbes orthodoxes. Le tri, les exactions, les tueries sommaires, la déportation, le crime organisé: la terreur rouge-brune est de retour. Bonjour, le XXIe siècle. A quel cauchemar est confronté le rêve d'une Europe organisée autour des droits de l'homme?
Le régime de Milosevic est l'antimodèle de l'Union européenne: la nation «purifiée ethniquement» contre le multiculturalisme, le mépris de l'Autre contre les droits de l'homme. La force de Milosevic est d'avoir inventé un modèle «rouge-brun», antinomique au nôtre. Les passerelles théoriques entre communisme et nationalisme ont permis d'établir des parallèles entre les méthodes politiques particulièrement les déportations et les camps de concentration et de mieux comprendre le cheminement de responsables communistes ou socialistes vers l'extrême droite collaborationniste en France. Mais il restait à voir l'asymptote de ce modèle, la conversion d'une nomenclature et d'un Etat communistes au nationalisme. C'est chose faite à Belgrade, depuis dix ans. En 1991, les forces paramilitaires serbes commencent à utiliser l'euphémisme de «purifi