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Libération
TRIBUNE

Belgrade, antimodèle de l'Union européenne. Triste visage du XXIe siècle.

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par Jean-Marc Salmon
publié le 8 avril 1999 à 0h32

Le projet d'unité européenne a été conçu comme une réponse aux

angoisses engendrées par le nazisme, avec pour mot d'ordre: «Plus jamais ça!». Ce projet de civilisation rencontre son heure de vérité au Kosovo, confronté à un crime planifié; non pas à des centaines de milliers de réfugiés mais à des déportés; non pas aux habitants du Kosovo mais à sa majorité, essentiellement musulmane, trié des Serbes orthodoxes. Le tri, les exactions, les tueries sommaires, la déportation, le crime organisé: la terreur rouge-brune est de retour. Bonjour, le XXIe siècle. A quel cauchemar est confronté le rêve d'une Europe organisée autour des droits de l'homme?

Le régime de Milosevic est l'antimodèle de l'Union européenne: la nation «purifiée ethniquement» contre le multiculturalisme, le mépris de l'Autre contre les droits de l'homme. La force de Milosevic est d'avoir inventé un modèle «rouge-brun», antinomique au nôtre. Les passerelles théoriques entre communisme et nationalisme ont permis d'établir des parallèles entre les méthodes politiques ­ particulièrement les déportations et les camps de concentration ­ et de mieux comprendre le cheminement de responsables communistes ou socialistes vers l'extrême droite collaborationniste en France. Mais il restait à voir l'asymptote de ce modèle, la conversion d'une nomenclature et d'un Etat communistes au nationalisme. C'est chose faite à Belgrade, depuis dix ans. En 1991, les forces paramilitaires serbes commencent à utiliser l'euphémisme de «purifi