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Libération

Cohabitation rêvée.

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publié le 9 avril 1999 à 0h38

Depuis le début de la crise yougoslave, la cohabitation entre

Jacques Chirac et Lionel Jospin a si bien fonctionné que cela en devient presque onirique. La cogestion du conflit, exercice délicat avec un président gaulliste tendance martiale et un Premier ministre socialiste de tradition peu atlantique, n'a pas connu la moindre défaillance perceptible. Elysée, Matignon, gouvernement ont coopéré sans états d'âme, sans dissonances, sans restrictions. Même le déficit initial d'explication devant les Français et d'information du Parlement a été assuré solidairement par le chef de l'Etat et par le chef du gouvernement. Depuis, les deux hommes se sont d'ailleurs ostensiblement réparti la tâche, l'un s'exprimant à la télévision sur l'essentiel, l'autre argumentant plus complètement au Palais-Bourbon. La troisième cohabitation, la plus baroque (elle est issue d'une dissolution manquée), la plus longue (elle doit durer en principe cinq ans), n'enregistre pas, jusqu'ici, de hoquets à l'épreuve d'une intervention militaire complexe et théâtrale.

Les ressorts de cette entente cordiale sont, en fait, sans mystère: devant l'épuration ethnique organisée par Slobodan Milosevic, Jacques Chirac et Lionel Jospin ont réagi à l'identique, refusant net toute passivité ou toute tergiversation face à une atteinte aussi grossière, délibérée et manifeste aux droits de l'homme. Ils n'acceptent pas qu'aux confins mêmes de l'Union des Quinze, pareille provocation puisse être tolérée. Ils optent sans hésita