Une vie debout, quand la veulerie de l'époque poussait à plier. Une
vie solidaire, quand une naissance privilégiée peut incliner à l'égoïsme. Une vie droite, alors que l'Histoire se charge de mettre à bas les premiers engagements. Une vie d'homme, en somme: «Résistant, communiste, haut fonctionnaire, banquier, militant à nouveau, mes visages successifs, comme beaucoup d'autres, ont changé avec le temps.» Claude Alphandéry pourrait mais n'ose ajouter: je suis resté fidèle. Fidèle à une mémoire et à une exigence familiales; à l'héritage de la Résistance, dans laquelle il s'engage jeune («Sans référence religieuse, je ressentais néanmoins avec gravité mon lien aux autres hommes»); au meilleur de l'esprit républicain et de la conception «sacerdotale» de la Fonction publique. Mieux: il s'est engagé dans tous les bons combats du siècle, sans être dupe de ses propres inclinations, ou préjugés, dès la première lutte: «Pourquoi l'autre, même ennemi, même agresseur, me semblait-il si proche?»
La Résistance, avec des responsabilités importantes; l'ENA, d'où il démissionne pour s'en aller créer un journal français" à Moscou; le Parti en 1946 comment y échapper au sortir de la Libération? , afin d'éviter «une carrière trop facile et peut-être trop glissante»; des doutes tôt, le rejet, bientôt; le «Mouvement de la paix». Puis ce sera la découverte, sans lyrisme technocratique, des contraintes de l'économie, le Club Jean-Moulin, un regard, au passage, sur Mai-68 qui évite les certit