Ce samedi 10 avril, place de la Sorbonne à Paris, sous les drapeaux
du Comité Kosovo et des Verts, s'est retrouvé un arc inouï de sensibilités politiques. De Joël Roman (revue Esprit) à Christophe Aguiton d'AC! ou Annick Coupé de SUD, en passant par Philippe Herzog de la liste du PCF, nous étions heureux de nous retrouver, mais aucune fièvre guerrière ne nous emportait. Beaucoup d'entre nous avions jadis animé le mouvement contre la guerre du Golfe. Nous étions simplement celles et ceux qui, renonçant à la rhétorique du «Ah! s'il n'y avait pas les bombes et l'Otan!», ou au prétexte de ce que nous n'avons pas fait (les Kurdes") pour ne rien faire encore une fois, avons choisi l'essentiel: la défense de la vie, des droits personnels et collectifs du peuple kosovar, face au régime dictatorial et raciste de Milosevic.
Et, pour défendre ce peuple, nous sommes résignés à l'inéluctable: une intervention de «gendarmerie internationale», c'est-à-dire au sol, pour défendre le droit des Kosovars à revenir vivre sur leur terre, alors que les bombardements à distance se sont révélés totalement inefficaces.
Cette position est terrible pour tout le monde et nous n'y sommes pas parvenus sans déchirements intérieurs. Pour les Verts, la cuti fut définitivement virée à Srebrenica: ils avaient vécu comme une félonie l'abandon au génocide des réfugiés bosniaques, par les troupes de l'ONU censées les protéger. Dès janvier 1999, avant Rambouillet, ils avaient appelé à une force de protection militair