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Libération
TRIBUNE

Daniel Bouton, si sûr de sa supériorité intellectuelle, assiste impuissant à la décomposition de son Meccano. Parce qu'il a péché par cinq fois. Le roi de la banque est nu. Par un groupe de cadres dirigeants de la Société générale

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publié le 14 avril 1999 à 0h43

Il est un domaine où l'humanité agit dans la réalité selon une norme

contraire à celle qu'elle professe dans ses idéaux, c'est celui de l'industrie bancaire en France.

Longtemps accusés de tous les maux et rendus responsables des inerties et d'un conservatisme gangrenant l'économie française, l'Etat, ses hommes, ses énarques anciennement triomphateurs ont laissé les «mains invisibles» du privé entreprendre la grande tâche du XXIe siècle sur le front économique: bâtir l'organisation sociale nouvelle qui permette de conjuguer les intérêts bien compris des clients-consommateurs, des actionnaires parfois importants, des salariés de plus en plus actionnaires. La synthèse entre Marx et Adam Smith, en somme.

Reléguant à jamais l'axiome de base de Das Kapital au rang de curiosité historique et les rapports sociaux issus des «temps modernes» à une parenthèse malheureuse de la vie économique, les thuriféraires de ce nouveau monde ont défini un étalon à l'aune duquel doit se mesurer le succès de leur entreprise: le return on equity (ROE). Que se cache-t-il derrière ce mot magique agité par tous nos grands capitaines d'industrie depuis quelques années? Rien d'autre que la mesure réelle de la rentabilité d'une entreprise, du bien-fondé d'une politique industrielle. Plus le ROE est élevé, plus cette entreprise peut croître, embaucher, s'apprécier en Bourse, pour le plus grand bien de ses salariés et actionnaires.

Les grandes manoeuvres de restructuration du paysage bancaire français, dont D