Les extrémistes finissent par contaminer même l'esprit de leurs
adversaires. Ainsi la «milosévication des esprits» conduit à la résignation à la partition ethnique: «Bien sûr, c'est triste, mais quand les gens ne peuvent plus vivre ensemble, c'est un moindre mal de les séparer.» Les accords de Dayton, en consacrant la partition, ont reconnu la victoire des thèses extrémistes. Et aujourd'hui, des voix s'élèvent pour dire que la seule solution serait le découpage du Kosovo entre Serbes et Albanais, d'autres pour juger désormais l'indépendance inévitable, Or, vivre ensemble est la seule option réaliste. Les expériences inverses de l'Inde et de l'Afrique du Sud sont à cet égard riches d'enseignements. Dans le premier cas la partition a été faite entre hindous et musulmans, avec des millions de personnes déplacées accumulant des rancoeurs tenaces. Dans le deuxième cas, des hommes comme Nelson Mandela et Desmond Tutu ont su poser les fondations d'une nation «arc-en-ciel», encore fragiles mais plus prometteuses. Souhaitons que l'action de l'Otan (qu'on l'approuve ou non) arrête la folie meurtrière de Milosevic et qu'après sa défaite ce dernier ne remporte pas une victoire idéologique. Revivre ensemble sera possible si tous les Kosovars peuvent rentrer chez eux, si l'humiliation est évitée au peuple serbe, si l'on ne renonce ni à la justice ni au pardon (avec un jugement des crimes contre l'humanité par un tribunal international et une commission du type «vérité et réconciliatio