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Libération

Nos lecteurs réagissent à l'intervention de l'Otan en Serbie. Moi, Yougoslave, partagée entre la honte, la colère contre les avions, la colère contre Milosevic""

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publié le 17 avril 1999 à 0h47

Je fais partie de quelques milliers de jeunes Yougoslaves vivant

dans l'un des Etats souverains membres de l'Otan : la France. Ce pays est en train de bombarder le mien. C'est un pays libre dans lequel j'ai le droit, entre la place de la République et la Bastille, de manifester mon désarroi à la vue des villes enflammées et détruites. Durant ce trajet, je me demande parfois si Tito, Mitterrand ou le général de Gaulle ne sont pas en train de se retourner dans leurs tombes. Partagée entre une impression d'injustice quant aux bombardements et de honte face aux regards perdus des réfugiés, je me sens envahie d'une sentiment d'impuissance. La colère contre les avions «grâce» auxquels nous allons mettre des décennies pour nous reconstruire et la colère contre Milosevic, qui nous fait passer pour un peuple monstrueux que nous ne sommes pas, ne cessent d'accroître chaque jour" et en ce moment chaque jour nouveau dure une éternité. Résidant dans une démocratie en la désirant plus que tout pour la Yougoslavie, depuis le 25 mars je respire au rythme des informations.

J'ai la chance de voir, contrairement aux jeunes Belgradois, ce qu'il se passe dans les camps de Kukes ou de Blace et d'entendre les récits de ces exilés, tous plus atroces les uns que les autres. Oui, c'est une chance, car je ne pourrai jamais oublier et dire que je ne savais pas. Et si toutes ces destructions par les bombes, si toutes ces vies ôtées aux Albanais du Kosovo et aux Serbes pouvaient servir à destituer un gouv