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Libération

Lettre à un ancien ami serbe.

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publié le 19 avril 1999 à 0h46

Cher Zoran,

Au nom d'une amitié très ancienne et heureusement révolue aujourd'hui, je ne peux pas te laisser dire des choses aussi cyniques et indignes sur la «répression» contre la Serbie.

Voilà plus de dix ans que Milosevic ­ avec la complicité d'intellectuels serbes dont tu fais partie ­ prépare cyniquement et consciencieusement la purification ethnique de l'ex-Yougoslavie (Slovénie-Croatie-Bosnie-Kosovo et bientôt"). Voilà plus de dix ans que des gens comme toi n'ont jamais rien dit et encore moins fait, ni dans ton pays, ni dans celui qui t'accueille, pour protester, réagir contre le régime de Milosevic.

Tu parles de la «pauvre nation» et du «pauvre peuple» serbe, victime des bombes aériennes, mais que penses-tu de ce que subissent les Kosovars albanais et, avant eux, les Bosniaques de Sarajevo? Que font depuis dix ans ceux qui, comme toi, prétendent s'opposer à Milosevic et son régime? Quelle résistance avez-vous organisée? Quand avez-vous sollicité notre aide pour résister? J'ajoute que la soi-disant quasi-autonomie des Albanais du Kosovo (avec leur télévision, leur langue, leur théâtre") dont tu parles existait du temps de Tito jusqu'en 1989 et qu'elle a été confisquée par le régime de Milosevic sans aucune protestation, ni du peuple serbe, ni des intellectuels comme toi.

Zoran, si tu aimes ton pays, la Serbie et le peuple serbe, alors adresse-toi à tes amis serbes de l'étranger et serbes de Yougoslavie, pour leur dire de se soulever contre ce qu'il s'y passe. Dis-leur