Après un long cheminement idéologique à travers les différentes
chapelles du Parti socialiste, la pensée de Jean-Marie Bockel semble s'être enfin arrimée à un projet solide. Avec sa Troisième Gauche. Petit manifeste social-libéral, le député-maire de Mulhouse affiche ni plus ni moins l'ambition de «participer à l'élaboration d'une doctrine rénovée, réellement dépoussiérée, qui devienne la référence doctrinale du PS, à l'instar des autres partis sociaux-démocrates européens». Autrement dit, le livre se veut la tête de pont française de ce qui s'est déjà passé en Angleterre et en Allemagne. Alors, comme, de ce côté-ci de la Manche et du Rhin, les idées de «troisième voie» et de «nouveau centre» ne sont guère prisées par les dirigeants jospiniens du parti, notre théoricien s'en donne à coeur joie. Osons même qu'il en rajoute dans la provocation. A le lire, le PS serait un parti ringard, doté d'un programme d'un autre âge, en complet décalage avec les attentes de l'opinion et par conséquent avec l'histoire telle qu'elle s'écrit sur le Vieux Continent. En un mot, le PS actuel, avec ses alliés pluriels, serait incapable de conduire la réforme selon les nouveaux canons de la modernité et de la mondialisation. La charge est virulente, ne manque pas d'à-propos (on lira notamment le dernier numéro de la revue Esprit sur «le pari de la réforme») et épouse parfois une certaine insolence. L'astuce du livre se décline selon un procédé unique que l'on peut résumer ainsi: sur tous les grand