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Libération
TRIBUNE

Une conférence interbalkanique à Moscou a aujourd'hui des chances d'aboutir. Guerre ou paix.

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publié le 22 avril 1999 à 0h24

Au début du conflit au Kosovo, je me félicitai, ici même (1),

d'assister, au nom de la morale, à l'engagement des démocraties contre l'arbitraire et la violation des droits de l'homme accomplis par le régime de Milosevic en Yougoslavie contre ses propres ressortissants. En revanche, je critiquai les moyens utilisés, considérant que les «frappes», loin de faire plier le dictateur de Belgrade, allaient au contraire souder la population serbe autour de lui. Je n'avais même pas envisagé à quel point elles allaient le servir: quatre semaines de bombardements ont jeté plus de Kosovars sur les routes que huit ans de purification ethnique. Et les experts militaires nous promettent encore plusieurs mois de frappes. Ce qui affaiblirait encore plus les pays riverains, mettrait en péril les économies déjà fragiles du bassin danubien, de la Bulgarie à l'Ukraine, et exacerberait les nationalismes ambiants.

On ne porte pas impunément le feu sur une terre sans se préoccuper des sentiments et des passions qui animaient ses habitants depuis des siècles. Aujourd'hui, l'enjeu dépasse le Kosovo lui-même. Outre qu'il y va de la crédibilité des démocraties et de la démonstration de leur capacité à imposer les valeurs au nom desquelles elles se sont engagées, c'est de l'avenir des Balkans qu'il s'agit. Or, nous savons que la déstabilisation de cette région n'est pas sans effet sur l'équilibre de l'Europe de l'Atlantique à l'Oural. Aussi, pour ne pas nous laisser enfermer dans le piège de la guerre to