Le débat sur le Kosovo et la Serbie a lieu à front renversé.
Beaucoup de partisans d'une France active et intervenante sont militairement abstentionnistes. Au contraire, Daniel Cohn-Bendit, qui demandait il y a peu qu'on diminue les budgets de défense en Europe et voyait l'Otan se mettre au service de l'ONU, réclame d'urgence l'emploi d'armes dont il ne voulait pas et admet très bien que l'Otan ignore le Conseil de sécurité. D'autres écolos sont encore plus ardents, laissant paraître la passion de sanctionner qui est le fond de leur idéologie.
Ce paradoxe s'explique si l'on considère que ce n'est pas une guerre que nous faisons mais une expédition punitive ce qui explique aussi les réticences de vieux anticolonialistes. Nous ne faisons rien que manier la schlague pour ramener Slobodan Milosevic et les Serbes à la raison. Entreprise tellement morale que les pacifistes ne peuvent qu'applaudir. Projet tellement idéaliste que les partisans de la Realpolitik ne peuvent que se méfier. Ces derniers ont tort de prôner l'abstention, mais ils ont raison de critiquer la manière dont nous usons de la force.
Les bombardements otaniens répondent, dit-on, à l'incurable perversité de Slobodan Milosevic et de son régime. Le fait est incontestable. Mais est-on sûr que Milosevic soit pire dictateur que d'autres que nous laissons tranquilles? Hafez el-Assad, par exemple. En fait, si nous avons besoin que le tyran de Belgrade apparaisse non seulement comme un criminel mais comme le plus grand d