Au deuxième mois de guerre entre l'Otan et la Yougoslavie, il est
évident qu'il ne peut plus y avoir de solution à la fois rapide et acceptable à ce conflit. Les frappes aériennes n'ont pas échoué en tant que telles: les pertes humaines et matérielles sont inexistantes ou insignifiantes, les 19 alliés font preuve d'une remarquable cohésion. Les Européens jouent un rôle politique dans la conduite de la guerre sans commune mesure avec leur poids militaire réel. Mais force est de constater que contrairement à ce qui nous avait été affirmé au début de la guerre, les objectifs (contraindre Milosevic à accepter les accords de Rambouillet, renforcer l'opposition interne à son régime et arrêter l'épuration ethnique au Kosovo) n'ont pas été atteints rapidement. Ces frappes aériennes, sur ces points, ont même jusqu'ici été contre-productives. Il est trop tard pour débattre sur le choix de la stratégie qu'il aurait fallu suivre. Il est encore un peu tôt pour dresser le bilan de ce conflit (rôle de l'ONU, avenir de l'Otan, pilier européen, image de l'Occident dans le tiers monde, etc.). Il est urgent de réfléchir aux moyens d'en sortir. Il faut avant toute chose admettre qu'il n'y a plus de solution idéale, ni même de bonne solution. Il ne peut y en avoir que d'imparfaites, le tout étant de trouver celle qui représente le moins d'inconvénients, à la fois pour la crédibilité des pays de l'Alliance, la stabilité régionale et le sort des populations. Le choix d'une opération terrestre,