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TRIBUNE

On ne peut que se réjouir que l'Etat de droit devienne référence absolue de la démocratie. Mais cette notion pose néanmoins quelques questions sur l'organisation des pouvoirs. L'Etat de droit n'est pas l'Etat de justice.

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par Stéphane BAUMONT
publié le 11 mai 1999 à 0h57

Hier absente ou figurant à peine dans les ouvrages de droit

constitutionnel, construction juridique allemande du XIXe siècle, critiquée et étendue par des juristes français au début du XXe siècle, oubliée puis découverte à nouveau dans les années 70 au point d'être alors portée sur les fonts baptismaux médiatiques, la formule l'Etat de droit, loin d'être prise avec des pincettes, est désormais devenue la norme de référence des médias comme des citoyens, de la classe politique comme de la société civile. Synonyme de démocratie, systématiquement associé à la modernisation de l'Etat, mais aussi de la symbolique et de la tradition républicaines, l'Etat de droit «n'est rien d'autre que l'état de la référence plus exactement du rapport à la référence» (professeur Pierre Legendre).

Les interviews télévisées ou radiophoniques nous offrent l'image de citoyens, pourtant profanes en droit, utilisant l'expression comme un impératif républicain rangeant la raison d'Etat et l'état d'exception aux oubliettes de l'histoire politique tout autant que l'Etat de police fondé sur l'idée que la fin justifie les moyens.

C'est, à coup sûr, l'expression d'une adhésion des citoyens (dans leur volonté politique) et d'un gouvernement (dans son discours politique) à la synthèse des principes d'ordre et de liberté que doit être l'Etat de droit, situation de soumission de l'Etat au droit.

Et c'est tant mieux pour notre démocratie qui, après avoir frôlé la menace populiste des années Le Pen, retrouve la vigue