Le silence
Heureusement que les penseurs, journalistes ou simples citoyens se donnent la peine de réfuter point par point le dernier article de Régis Debray dans le Monde. Bravo à Libération d'avoir réagi avec célérité et d'y avoir, dès vendredi, consacré un dossier. En ce qui me concerne, j'hésite encore à penser qu'une réponse argumentée soit appropriée. Je me demande parfois si le silence, ou la colère, ou le mépris, voire l'injure, ne sont pas plus efficaces devant tant d'incurie, de malhonnêteté intellectuelle, journalistique et philosophique, d'orgueil insensé, d'infamie historique. Merci à tous, malgré tout, d'avoir démonté le mécanisme de rouerie et d'inculture. Merci à BHL, malgré tout, de sa réponse rapide, bien qu'encore trop distanciée, trop légère, trop courtoise, trop respectueuse. Mais, de grâce, n'ayons aucun complexe intellectuel face à la barbarie de la pensée pseudo-morale. Traitons ces intellectuels comme ils le méritent, là où ça leur fait le plus mal: comme des imposteurs de l'intelligence.
Nicole Pigeot, professeur de préhistoire. Université Paris-I
Contre le consensus Le débat lancé par Régis Debray contre le consensus français vis-à-vis de la guerre en Serbie a commencé. Alors aussi, d'un seul coup, par un réflexe de classe, réflexe quasi corporatiste, la presse, et notamment Libération, réagit comme si on faisait son procès, un peu à la manière de la presse américaine lorsqu'elle est mise en cause: comme une vierge outragée. Mais il ne s'agit pas de m