On s'acharne ces derniers jours sur l'homme en uniforme qui, pendant
quelques mois, a représenté l'Etat en Corse. Malgré les conditions particulières qui régnaient sur l'île depuis le choc du lâche assassinat de son prédécesseur, il est bien difficile de légitimer les décisions prises par Bernard Bonnet si les accusations portées contre lui étaient toutes confirmées. De telles exactions contribueraient sans doute à ternir de façon considérable l'image d'un corps de l'administration encore convalescent depuis que la décentralisation lui a enlevé une grande partie de ses compétences. Celles-ci restent cependant considérables, et l'affaire Corse démontre un peu plus, s'il le fallait, les larges prérogatives de celui qui semble demeurer un plénipotentiaire au service de l'Etat chargé, en outre, d'appliquer la politique du gouvernement.
Ce qui s'est passé en Corse est inexcusable; toutes les justifications du monde ne peuvent expliquer qu'un représentant de l'Etat trahisse les règles du droit pour rétablir celui-ci. Même si le manquement paraît minime à certains, il mérite sanction au moins pour que la crédibilité déjà mise à mal de l'appareil d'Etat soit sauve et que l'on se démarque définitivement des méthodes qui ont toujours été utilisées dans l'île. Malgré ce que nous a expliqué l'ancien préfet Maurice Grimaud (le Monde du 8 mai), il semble que c'est le préfet Bonnet lui-même qui a remis en cause sa réputation s'il en est venu à utiliser les méthodes qu'il dénonçait. Néanmoin