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Libération
TRIBUNE

La guerre concerne aussi les femmes.

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par Emmanuelle DESCHAMPS
publié le 19 mai 1999 à 1h05

Une affaire d'hommes, la guerre? De fait, hélas! Sophie de Menthon

(Libération du 26 avril) a raison de déplorer à propos du conflit yougoslave l'omniprésence masculine sur les champs de bataille comme sur la scène médiatique. Silencieuses, les femmes le sont jusqu'à l'aphasie depuis que la guerre dévore les coeurs et les corps, balayant de l'actualité les «sujets de société» auxquels vont «spontanément» les préférences féminines. On suivra moins toutefois la déléguée de Démocratie libérale dans ses conclusions embrouillées et contradictoires. Outre qu'elles donnent la fâcheuse impression de n'être que le masque mal ajusté d'une assez peu sympathique idéologie, on croit rêver lorsque notre féministe en herbe en appelle au retour des «vrais hommes», «ceux qui renoncent à faire la guerre au nom du sens des responsabilités, ou qui la font "en vrai». N'est-ce pas retomber dans les pires clichés sexistes que d'assigner à l'essence de la masculinité le goût du sang et à son pendant féminin l'adhésion automatique à un pacifisme aussi niais qu'irresponsable? Il est des guerres justes, qui concernent tout un chacun ­ ce n'est pas pour rien que tant de femmes choisirent de s'engager dans la Résistance. Discutable dans ses modalités et venue trop tard, celle à laquelle nous assistons était sans doute à mener. Par des hommes" mais aussi, pourquoi pas, par des femmes. Et c'est précisément parce que le Kosovo rejoue sous nos yeux d'Occidentaux déroutés l'éternelle partition d'une humani