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Libération
TRIBUNE

Le nationalisme est la réaction désespérée d'une génération qui portait en elle l'ambition d'un peuple nié par le pouvoir central et ses propres dirigeants. En réponse aux anticorses.

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par Gabriel-Xavier CULIOLI
publié le 21 mai 1999 à 1h07

J'ai la chance de posséder des origines multiples. Je suis en effet

Suédois et Ukrainien par ma mère et Corse par mon père. Une partie de la famille de ma grand-mère fut massacrée non loin de Kiev par les partisans de Petlioura en 1917, et je ne sais rien d'eux comme j'ignore tout de ma famille scandinave. Je connais tout de mes racines corses depuis la fin du XVIIIe siècle, date à laquelle les miens, à la suite d'une vendetta particulièrement sanglante, fuirent la montagne corse et vinrent s'installer dans l'extrême sud de l'île. Mes parents, enfin, sont tous deux protestants. Ma mère est luthérienne et mon père calviniste. C'est dire que je me sens fils de la Terre avec cette singularité: je me sens corse jusqu'au bout des ongles, passionnément, définitivement. Je suis devenu sympathisant du Front régionaliste corse en 1973 et, depuis, je n'ai cessé de me battre pour la reconnaissance du peuple corse, pour son droit à gérer son propre destin, seule manière, à mes yeux, de le placer devant ses responsabilités et de l'aider à devenir enfin majeur. Durant plus d'un quart de siècle, j'ai répété et écrit sans cesse les mêmes propos qui, me semble-t-il, n'ont pas perdu de leur pertinence.

Si je cherche à situer les responsabilités des uns et des autres dans cette immobilité, je n'exonérerai certainement pas de ses responsabilités une classe politique insulaire confite dans sa médiocrité et sa moiteur. Mais ne remplit-elle pas le rôle pour lequel elle a été conçue: celui d'une cou