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Libération
TRIBUNE

En Corse, Matignon a oublié de faire de la politique"" L'angle mort de la méthode Jospin.

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publié le 24 mai 1999 à 1h09

L'affaire des paillotes n'est pas la première difficulté que

traverse Lionel Jospin. Mais c'est son premier échec. La machine gouvernementale du Premier ministre a déjà eu à gérer des situations d'urgence, à démêler des pièges inextricables: budget 1997 réputé infaisable, conflit des camionneurs, crise des chômeurs, grève à Air France, guerre du Kosovo mettant à jour les ambiguïtés de la gauche plurielle. Jusqu'alors, elle avait été capable de désamorcer les bombes. Autour de la Corse se noue un mystère: comment une mécanique aussi huilée a-t-elle pu caler sur un point aussi anodin que la surveillance de l'action d'un préfet ­ qui n'est pas, a priori, l'élément le plus incontrôlable de la société française?

Le dossier corse fonctionne comme le point aveugle de la méthode Jospin. Souvent mise en avant par l'intéressé, cette méthode est en fait un processus de décision organisé de telle sorte que, à chaque étape, soient pris en compte les données contradictoires du problème traité. Ainsi, un long travail de préparation est effectué par les ministres, chargés de «porter» les préoccupations de leurs ministères respectifs, et, à travers eux, des secteurs de la société dont ils s'occupent. Lorsque Dominique Strauss-Kahn et Martine Aubry s'empoignent sur les 35 heures, que Jean-Pierre Chevènement et Elisabeth Guigou s'opposent sur la délinquance des mineurs, ils donnent au Premier ministre l'occasion de jauger le rapport des forces en présence. Pour préserver cette «pureté» politiq