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Libération
TRIBUNE

La bévue de Bernard Bonnet comme celle de Régis Debray relèvent d'un même républicanisme exacerbé. Coups de folie au nom de la République.

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par Hugues JALLON et Pierre MOUNIER
publié le 25 mai 1999 à 1h09

Deux «affaires» occupent depuis quelque temps l'actualité politique,

dont rien a priori ne saurait justifier le rapprochement. D'un côté, une sombre histoire de paillote incendiée par des gendarmes placés sous les ordres directs d'un haut fonctionnaire zélé, prêt à tout pour se faire respecter sur sa «terre de mission». De l'autre, une longue tribune publiée dans un grand quotidien du soir dont l'auteur entend relativiser la portée de la «purification ethnique» au Kosovo et justifier à demi-mot les «exactions» du pouvoir politique serbe. Au centre de ces deux affaires, deux hommes, un préfet et un intellectuel, que tout semble séparer, que ce soit leur situation sociale, leur liberté de parole et d'action. Deux hommes dont les comportements ont suscité dans l'opinion tout à la fois la surprise et la consternation. Deux hommes victimes, à quelques semaines d'intervalle, d'un véritable «coup de folie» qui, au-delà de la condamnation quasi unanime, continue de susciter l'incompréhension.

On dira sans doute qu'il n'y a là que deux faits divers, deux bévues commises par des individus qui auraient perdu la tête. Pourtant, à y regarder de plus près, on peut légitimement se demander si les deux «affaires» ne sont pas l'aboutissement prévisible d'un républicanisme si exacerbé qu'il a conduit ses deux victimes à perdre tout sens de la réalité. Nul n'est besoin, en effet, d'expertise psychiatrique pour tenter de comprendre les «coups de folie» respectifs de l'intellectuel et du préfet. A