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Libération

Indépendance pour les banlieues.

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publié le 26 mai 1999 à 1h11

2002. La Corse, le Pays basque, la Haute-Savoie, la Bretagne ont

depuis longtemps acquis leur indépendance. On attend avec impatience les résultats des élections dans le nord de la France où le Mouvement de libération pour la Picardie rencontre de nouveaux succès.

Farouchement postmoderne, l'économie a su adapter le mondialisme ravageur, et toujours libéral, des entreprises avec la nouvelle donne. Les négociations sont facilitées. Chaque nouvel Etat offre des avantages aux investisseurs. Pour simplifier les statistiques, on ne parle plus d'emploi, ni de travail, ni de stage ou d'apprentissage, mais d'«activité plus ou moins provisoire un tant soit peu rémunérée». La Bourse est réjouie et fait plaisir à voir.

C'est alors que se dessine une configuration passionnante. Un certain nombre de banlieues des grandes villes françaises se sont regroupées dans un Etat indépendant, éclaté en archipel et constamment évolutif. Les banlieues de Lille, de Strasbourg, de Lyon, de Marseille sont à l'origine de la nouvelle fédération, qui dispose de son drapeau, sa langue, sa monnaie. Régulièrement, partout en France, des élections permettent de nouvelles adhésions. Grâce aux progrès techniques, des lignes ferroviaires fluorescentes, comme des corridors aériens qui relient toutes les cités, matérialisent dans l'espace l'évolution du nouvel Etat multipolaire. Vue du ciel, la configuration est magnifique.

Jaloux de leur indépendance et de leurs particularismes culturels, les habitants sortent peu.