Scène récente: une enseignante portugaise me raconte que dans le
train Strasbourg-Paris, une jeune Noire entre dans le compartiment, s'apprête à s'asseoir près d'un monsieur qui soudain s'écrie: «La place n'est pas libre!»; elle en avise une autre, près d'une dame, et celle-ci explose: «Il n'y a pas de place, ici, mademoiselle!» Enfin elle pointe une place libre près de l'enseignante, qui l'accueille, mais voilà que son voisin déclare: «Il n'y a pas de place, on vous dit!» «Si, la place est libre», insiste la Portugaise, elle assoit près d'elle la jeune fille noire, hébétée et muette. Les autres passagers aussi sont mutiques, prêts comme dans un état second au rituel du sacrifice. Cette scène «raciste» (ou de «haine identitaire») n'est pas si loin de ce qui se passe au Kosovo. Car nettoyage ethnique veut seulement dire: «Pas de place pour vous ici.» Et là? Là non plus" Finalement on en trouve une, quand même, mais entre-temps, c'est la violence; et la lâcheté de ceux qui laissent faire. Or il est clair qu'au Kosovo, la stratégie aberrante qui est suivie, et dont le pourquoi est noyé dans le brouhaha, cette stratégie bizarre où les deux adversaires ne se croisent pas mais «font» chacun dans leur coin, les uns (Serbes) tuant et déportant des corps réels, les autres (Otan) cassant le décor pour «faire céder» le tyran comme s'il tenait à ses murs plus qu'à sa vie , il est clair que cette totale incohérence a une cause précise: les uns «nettoient» depuis des années, et