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TRIBUNE

Sans naïveté face à la fraude, il nous faut retrouver la juste place de l'éphémère, du bricolage, du festif. Le charme des paillotes.

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par David MANGIN
publié le 27 mai 1999 à 1h12

L'affaire des paillotes corses a été longuement commentée sous

l'angle du respect de la légalité républicaine. Mais, au-delà du cas Corse, ce conflit juridique entre l'Etat et les propriétaires est une très bonne illustration de nos contradictions d'usagers. Ces paillotes, si illégales fussent-elles, sont, ou ont été, fréquentées par tout un chacun, y compris par les plus hautes autorités de l'Etat chargées de faire respecter le droit de l'urbanisme. Charme discret de l'éphémère, du populaire, du naturel, du bien-placé sauvage, auquel chacun d'entre nous ne saurait résister.

L'existence de ce type de baraques illégales est vieille comme celle de l'histoire des villes et de leurs faubourgs. Par demande, usage ou nécessité, qu'elles s'appellent paillotes, cabanes, caravanes, bidonvilles, leur existence est permanente: au XVIIIe siècle les places royales françaises étaient couvertes de baraques tolérées ou poursuivies par la maréchaussée; à Barcelone, au bord de la plage, avant le nettoyage des Jeux olympiques de 1992, les cantines de Barceloneta étaient des lieux de brassage social et gastronomique merveilleux; dans les centres historiques, le «curetage» des cours par les divers services du Patrimoine et les règlements des copropriétés bourgeoises éliminent appropriations, artisans, couleurs et matériaux bruts au nom de règles du bon goût et du bon voisinage. Et, à plus grande échelle, les débauches d'affichages publicitaires dans les entrées de villes sont mises à l'index.

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