Menu
Libération
TRIBUNE

Dans le domaine culturel, le laisser-faire laisser-penser n'est pas toujours synonyme de qualité. Non le Net ne sauvera pas le livre (pas plus qu'il ne le tuera).

Article réservé aux abonnés
publié le 2 juin 1999 à 23h18

Les propos de plus en plus optimistes concernant l'aide que Internet

peut apporter à l'écriture, au livre et, plus généralement, à la création (1) suscitent au moins quatre observations.

1. Il n'y a pas de rapport direct entre le livre et Internet, même si dans les deux cas il existe une transmission et une écriture. Le livre est le résultat d'un projet culturel ancestral et d'une technique. Internet, pour l'heure, n'est qu'une technique, certes séduisante mais guère porteuse d'un projet culturel original, si ce n'est celui lié à l'individualisme. Si certains accèdent à la lecture par le Net, et d'autres par la BD ou tout autre intermédiaire, tant mieux, mais à condition de ne pas confondre performance technique et ambition culturelle. 2. Internet produira peut-être sa culture, mais pourquoi vouloir mettre en rapport un système interactif d'information pour l'instant plus adapté, en dépit des discours libertaires, au commerce électronique qu'à l'industrie du livre avec un projet politique et culturel vieux de plusieurs siècles?

Chaque nouvelle technique de communication, depuis trois générations, est accompagnée de discours apologétiques sur la communication, où tout doit changer dans la création, les rapports humains, le pouvoir" Et, à chaque génération, c'est là une déception, car le plus important est le rêve d'autres rapports de communication, qui ne dépendent pratiquement pas de la technique. Sauf quand s'établit un lien réel entre un projet politique et une technique. C