Menu
Libération
TRIBUNE

Guerre en Croatie, guerre en Bosnie, chapelet de tueries culminant à Srebrenica... que n'aura-t-on pas contemplé avant que nos chefs usent de leur force! L'intervention de l'Otan au Kosovo est légitime, pour l'unique et indépassable raison qu'il convenait d'agir et que nul ne l'eut fait à sa place. L'Europe naîtra à Pristina.

Article réservé aux abonnés
publié le 10 juin 1999 à 23h27

Quand la tragédie se termine, les comédies commencent. Acculé,

Milosevic a tenté de jouer les prolongations de sa guerre mondiale: Belgrade-Moscou-Pékin contre l'Otan, le rêve! A son tour, l'élite russe mime, atavisme oblige, une guerre froide qu'elle n'ignore pas avoir perdue. Eltsine eût-il posé au monsieur Niet à la Molotov ou frappé de sa chaussure sur la table comme Khrouchtchev, les amoureux se bécoteraient tranquillement sur les bancs publics. Quitte à rigoler franchement quand la guerre de Corée semble éclater dans quelques têtes, aussi fraîche qu'il y a bientôt cinquante ans: Clinton la peste! Jospin, Chirac assassins! Cours camarade, les vieilles lubies sont devant toi. Peu importe, l'essentiel se joue et se décide hors ce baroque baroud d'«honneur»" Le 24 mars 1999, nous avons frappé, bravo! C'était très tard et trop faible. Voilà dix ans que Milosevic promène son armée et dévaste la Yougoslavie. Il fallait le bloquer dès la première ville martyre, Vukovar. Notre retard fut payé par 200 000 Bosniaques morts. Notre sous-estimation de la sauvagerie demeura désarmante, témoin l'universelle stupéfaction suscitée par la déportation massive des Kosovars. Mes réserves touchant l'action militaire de l'Otan sont donc exactement inverses de celles qu'avancent les pro-Serbes, les pacifistes inconditionnels et les nostalgiques du Mur. J'estime qu'il fallait agir plus tôt, plus fort et ne pas exclure d'entrée la menace d'une intervention terrestre: six semaines plus tard, l'Ota