Que penser du manifeste pour «une Europe flexible et compétitive»
publié mardi par Tony Blair et Gerhard Schröder? Ce document s'appuie sur des exemples de politiques déjà appliquées en Grande-Bretagne et en Allemagne depuis que la «Troisième Voie» et le «Nouveau Centre» y ont pris le pouvoir, mais ne mentionne pas une seule fois les initiatives prises en France par le gouvernement Jospin. S'agit-il d'une pure opération de communication, destinée à convaincre les opinions que la social-démocratie moderne mène le bal européen face au socialisme archaïque à la française, alors qu'en réalité, les politiques appliquées seraient les mêmes? Certes, la rhétorique politique tend à exagérer les désaccords réels. Les socialistes français ont toujours eu plus de mal que les autres à théoriser leur évolution, ce qui ne signifie pas que leurs reniements aient été moins grands. En 1992, les travaillistes anglais tapissaient les murs de Londres de leur intention de relever les taux de l'impôt sur le revenu des contribuables aisés (ce qui de toute évidence a contribué à leur défaite électorale, et les a obligé à attendre 5 années supplémentaires pour revenir au pouvoir, avec un autre discours...). De leur côté, les socialistes français avaient abandonné depuis 1981 toute tentation de revenir sur les baisses d'impôt accordés régulièrement aux revenus élevés par les gouvernements de droite. Sans aucun complexe, ils se lancèrent eux-mêmes dès 1985 dans la baisse du taux de l'impôt sur les béné