On a voulu interpréter le résultat des élections européennes seule
la gauche française s'en sort bien comme l'échec de l'exportation du «blairisme» sur le continent. Mais l'échec de d'Alema en Italie et de Wim Kok aux Pays-Bas montre qu'autre chose est en jeu. Il y a plus sûrement le traditionnel vote sanction contre les gouvernements en place qui permet à faible frais d'exprimer son mécontentement, l'exception française venant de causes connues (l'effondrement politique de la droite). La question qui se pose à la gauche reste toutefois entière: y a-t-il matière à dessiner un projet «social-démocrate» européen commun, ou bien faut-il se résoudre à admettre que chaque gauche est confrontée à sa propre histoire, et plus spécifiquement à sa propre droite? Le plus simple est de partir de cette dernière hypothèse. Le principal problème allemand reste celui d'achever la réunification; le problème français reste principalement celui de moderniser sa fonction publique (l'ecole, la santé); le problème anglais est de faire l'inventaire des désastres sociaux de l'ère Thatcher; le problème italien celui de ses finances publiques. Mettre en commun ces différentes perspectives peut s'avérer totalement contre-productif. Réformer en France l'Education nationale «associé» à Tony Blair dans la promotion d'une économie de marché «rénovée» aurait évidemment l'effet le plus désastreux. Associer les Allemands et les Italiens dans une tâche commune pourrait avoir quelques vertus métaphorique