Soyons clairs. La troisième gauche n'est pas un nouveau parti
politique. C'est plutôt une mouvance en projet qui se cherche à partir de certaines intuitions fortes, et qui ne craint pas de se définir en marchant. Elle a à proposer non pas des solutions prêtes à l'emploi, mais des méthodes de réinvention d'un politique atteint de plein fouet par la mondialisation de l'espace et l'accélération du temps, d'un politique décimé par les logiques marchandes et identitaires, et considéré de plus en plus comme impuissant.
La troisième gauche est une nouvelle déclinaison identitaire de la gauche, dont la caractéristique majeure est peut-être moins d'être partisane que culturelle. Le défi pour elle est d'essayer de donner à la société des éléments de réponse à la recherche de sécurité dans des sociétés ouvertes où les risques ne sont plus militaires mais environnementaux, alimentaires et sociaux, dans des sociétés qui constituent de véritables énigmes pour elles-mêmes comme pour le politique. La troisième gauche trouve son point de départ dans l'alliance des Verts et de Cohn-Bendit, mais il est bien évident que l'espace de chevauchement avec une partie de la gauche socialiste, voire des réformistes communistes, est assez large. Cette troisième gauche est, en revanche, en rupture très claire à la fois avec la gauche nationaliste et autoritaire et l'extrême gauche trotskiste et protestataire. Elle a pour marqueurs provisoires le réformisme, le refus de l'autoritarisme et le pluralisme cult