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TRIBUNE

L'Ecole de la République, née au XIXe siècle, était un sacerdoce. Celle de demain doit prôner l'autonomie des établissements et des professeurs. Pour en finir avec la religion scolaire.

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par Jean-Pierre GATTEGNO
publié le 4 septembre 1999 à 0h37

Sur l'essentiel, la place des professeurs dans le système éducatif,

partisans et adversaires de Claude Allègre sont grosso modo d'accord: enseigner, c'est être au service de la République. Et, par les temps qui courent, la République ayant acquis une valeur quasi religieuse, l'Ecole de la République relève donc du Sacré et du Religieux ( tout ça, forcément avec des majuscules").

Le religieux étant inséparable de la morale, il s'ensuit qu'un professeur est un être de morale, fondamentalement bon et dévoué. Il enseigne pour le Bien. Pour la Cause, pour la République, pour la Citoyenneté (ou pour Dieu-le-Père, dans une école confessionnelle). Son intérêt pour ce qu'il enseigne (littérature, mathématiques, etc.) ne se justifie que par le service des futurs citoyens de cette République à laquelle il doit se donner corps et âme. On envisage de lui faire dispenser des leçons de morale citoyenne, lesquelles, soyons-en sûrs, question mièvrerie, pourront rivaliser avec n'importe quelle leçon de catéchisme. Cette fonction sacerdotale implique l'oubli de soi. Refuser une affectation dans un lycée ou un collège pour des raisons de convenance personnelle ou d'intérêt professionnel relève de l'obscénité, pour ne pas dire du blasphème. Née au XIXe siècle, cette conception s'est à peine étiolée à l'approche du XXIe. Elle est toujours en vogue, quand bien même serait-elle génératrice d'infantilisation, de culpabilités, de malaises, de rigidités de toute sorte. Aussi importe-t-il d'en finir ave