Quand, en 1996, le premier secrétaire du Parti socialiste, Lionel
Jospin, annonce son intention d'investir 30% de candidates pour les législatives à venir, le monde politique ricane. La droite, qui se dit que ce pauvre PS ne sait plus quoi inventer pour renouer avec le succès électoral. Mais aussi une partie des caciques socialistes, qui font tout pour que «ça» l'investiture d'une femme n'arrive pas dans «leur» circonscription. Pour que le «quota» (un concept aussi peu apprécié au PS qu'ailleurs) imposé soit finalement respecté, il faudra l'alchimie un peu subtile entre le traumatisme de la déroute électorale, la détermination de la direction nationale, mais surtout le soutien des militants plus facilement convertis que les cadres socialistes à une revendication paritaire portée par l'opinion.
Les sociologues Philippe Bataille et Françoise Gaspard (par ailleurs ancienne députée PS) tiennent ici la chronique mi-publique mi-privée de cette part de l'histoire politique, après enquête auprès de 113 des 131 candidates socialistes engagées dans la compétition de 1997. Ils racontent la longue résistance du Parti socialiste à la montée en puissance du concept de parité, du véhément refus de Pierre Mauroy qui, au congrès de Nantes (1977), s'oppose à une représentation féminine supérieure à 15% au sein de la direction nationale, aux larmes d'un candidat virtuel aux dernières législatives apprenant que «sa» circonscription est réservée à une femme: «Que vais-je pouvoir dire à mon é