Alors que la crise nous avait habitués à l'association
licenciements-entreprises en difficulté, licenciements semblent désormais rimer avec entreprises en bonne santé: Renault-Vilvoorde hier, Michelin aujourd'hui. Ce qu'il convient d'appeler le «paradoxe Michelin», à savoir des bénéfices substantiels allant de pair avec un plan de suppression d'emplois, suscite des commentaires nombreux et variés. Ce qui est incompréhensible pour certains, c'est cette simultanéité des bénéfices réalisés et des licenciements planifiés. En réalité, rien ne relie ces deux événements puisque les bénéfices obtenus dépendent de l'emploi d'hier et non pas de celui de demain. Le plan de licenciements résulte simplement d'une décision du chef d'entreprise qui, à partir de projections sur les évolutions de la demande, de la concurrence et des coûts, désire renforcer ses parts de marché. Pour ce faire, la substitution de capital au travail est la règle dans l'industrie, et cela est vrai depuis près de deux siècles. Pour d'autres, tout cela ne serait que la manifestation du libéralisme dans un environnement mondialisé.
Néanmoins, ce qui nous dérange dans l'affaire Michelin, c'est que la décision du plan de licenciements semble avoir été fortement influencée par les exigences des actionnaires. L'emploi de demain aurait été ainsi sacrifié aux profits d'après-demain. Une nouvelle fois, nous serions victimes de la mondialisation, en l'occurrence de la pression exercée par les fonds de pension d'outre-Atlant