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Analyse

«Républicains» contre «pédagogues»? Le débat est schématique. La mission essentielle de l'école reste la transmission des savoirs, mais il faut tenir compte des nouveaux défis. Education: refuser les faux dilemmes

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par Jean-Pierre LE GOFF
publié le 21 septembre 1999 à 0h48

Enfermer le débat sur l'école entre deux camps: les républicains

d'un côté et les pédagogues de l'autre (1), en sommant chacun de choisir son camp, ne permet pas de répondre aux questions qui sont posées à l'école aujourd'hui. Dans cette logique, nous serions condamnés soit à affirmer des principes abstraits sans trop nous soucier de leur application dans le réel, soit à croire sur parole au bien-fondé des pédagogies qui se présentent comme des solutions aux difficultés de l'école. Distinguer et faire valoir la mission essentielle de l'école, qui demeure la transmission des savoirs et de l'héritage culturel, n'implique pas de refuser de prendre en compte les nouveaux défis auxquels se trouve confrontée l'école aujourd'hui.

Qui pourrait nier, par exemple, que l'évolution historique est bien marquée par la massification de l'enseignement et que celle-ci est venue poser des problèmes nouveaux en termes de sélection, de diversification, de pédagogie, de diplômes et de débouchés professionnels? Deux phénomènes majeurs sont venus se greffer sur cette évolution longue: la crise de la culture et des repères traditionnels de l'autorité, dont Mai 68 marque le moment fort; le chômage de masse et ses effets de désocialisation, qui s'amorcent dans la seconde moitié des années 70. La conjugaison de ces deux phénomènes, s'ils ne sont pas seuls en cause, nous paraît jouer un rôle particulièrement déterminant dans la crise que connaît l'école aujourd'hui.

L'arrivée de jeunes désocialisés qui ne