Dans l'espace francophone belge, des journalistes se battent pour
que vive leur quotidien. Et pas n'importe quel quotidien! Un journal qui s'offusque, irrite, enthousiasme selon les cas. Un canard de débats et de combats: contre l'extrême droite et une certaine logique du commerce mondial (AMI"), pour le droit des réfugiés et contre toutes les inégalités sociales, économiques ou culturelles. Bref, un média d'opinion(s) progressiste(s), pluriel, divers, neuf du fond jusqu'à la forme" Mais le Matin, dernier-né de la presse quotidienne francophone belge, va mal. Notre journal est même sous concordat judiciaire. La seule voix progressiste quotidienne en nos contrées est menacée. Les raisons? Les uns avancent la sous-capitalisation. Les autres évoquent l'absence d'une assise suffisante de lecteurs (mais en dix-huit mois, est-ce possible?) ou certains défauts de jeunesse (comme si tout produit ne se devait pas d'être amélioré). D'autres encore parlent du désintérêt général des Belges pour la presse quotidienne. «Trop cher», «Pas le temps», «Rien d'intéressant», clament-ils en se tournant avidement vers les séries télé ou les jeux à gratter" En attendant, quelle que soit la vérité, le constat est là: après les autres titres progressistes belges (la Cité, le Drapeau rouge, Liberté"), le Matin pourrait passer l'arme à" gauche. Après d'autres charrettes de licenciements (à l'agence de presse Belga, au groupe Sud-Presse"), des dizaines de journalistes pourraient être privés de leur boul