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Libération
TRIBUNE

Une mission sur Mars mais pas de synchrotron. Les choix de M. Allègre sont le fait du prince, sans confrontation d'opinions scientifiques réellement motivées. Le scientifique et le politique.

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par Pierre JOLIOT et Philippe NOZIERES
publié le 27 septembre 1999 à 0h41

Depuis deux ans un conflit larvé oppose le ministre en charge de la

Recherche à la communauté scientifique. Les décisions récentes concernant l'avenir du rayonnement synchrotron en France portent ce conflit sur la place publique. Il convient de dépasser le cas particulier: c'est toute l'articulation entre le politique et le scientifique qui est mise en cause. Peut-on réfléchir sereinement aux responsabilités des uns et des autres, aux domaines de compétence qui doivent délimiter leur champ d'action?

L'époque où la recherche, essentiellement financée par le mécénat, pouvait se concentrer sur la quête de la connaissance, est bien révolue (elle n'excluait pas les querelles entre créateurs et mécènes!). Aujourd'hui la recherche est confiée à la puissance publique: elle doit rendre compte à la société de l'effort financier qui lui est consenti, prenant ainsi une dimension politique. Cela n'implique nullement un pilotage systématique par l'aval: nous pensons que la recherche dite fondamentale, vouée à la création de connaissance, reste un volet essentiel de l'activité scientifique. Outre la dimension humaniste qui est l'honneur de notre profession, cette compréhension du monde qui nous entoure est le terreau sur lequel se développeront les applications futures: une politique dirigiste à court terme serait aveugle. Cela dit, les scientifiques doivent justifier de leur utilité: le développement d'une recherche appliquée originale et féconde, fière de ses titres de noblesse, reste l'u