On a toujours reproché au populiste de droite Jörg Haider de ne pas
avoir donné un programme clair au FPÖ (Parti libéral autrichien). Le résultat du scrutin de dimanche dernier montre que ce reproche est injustifié. Jörg Haider a gagné parce qu'il a su faire du FPÖ le plus moderne des trois partis conservateurs autrichiens. Il a eu la partie plus facile que les démocrates chrétiens de l'ÖPV et que les sociaux-démocrates du SPÖ: le programme, c'est lui. Il n'a pas eu besoin de l'aval des corporations et des syndicats. Il a gagné la bataille du parti le plus moderne au sens où la cruelle défaite du SPÖ et le recul historique de l'ÖPV à la troisième place rendent caduc l'idéal de cogestion sociale, sur lequel repose la constitution de l'Autriche. Quelle que soit la composition du prochain gouvernement, l'ÖPV et le SPÖ seront contraints d'abandonner le mythe autrichien du consensus extraparlementaire. Ce consensus, appelé cogestion sociale dans le reste de l'Europe, a créé une sorte de gouvernement-bis dans lequel les représentants du patronat, des salariés ainsi que des paysans déterminent ensemble le cours de l'économie et négocient, par exemple, des conventions salariales contraignantes. Jörg Haider va leur mettre la pression jusqu'à ce qu'il parvienne à hisser son parti au sommet et à devenir chancelier. Il sera toujours plus souple que les autres, car il n'a besoin de s'entendre avec personne et peut donc imposer les thèmes qu'il souhaite diffuser via la société médiatique