Dans une économie saine et dans une société démocratique, les gains
de productivité devraient se transformer en accroissement de revenus ou en diminution de temps de travail en fonction de choix tantôt collectifs, tantôt individuels, délibérés et organisés. Ces deux régulations doivent progresser d'un même pas.
Nous avons intérêt, en effet, à élargir les perspectives et à ne pas confiner le débat sur la réduction du temps de travail aux 35 heures et à l'horaire collectif de travail. La baisse de la durée du travail ne va pas s'arrêter aux 35 heures. Elle va continuer, mais sous d'autres formes, plus souples plus individualisées, parfois plus accentuées, en tout cas selon des formes nouvelles car on ne répétera pas de sitôt une opération aussi lourde et complexe, surtout avec le retournement démographique qui s'annonce. Dès maintenant, il importe de conjuguer baisse collective et réduction individuelle du temps de travail, qui sont profondément complémentaires.
Le projet de loi qui est examiné par le Parlement contient, il est vrai quelques dispositions allant dans ce sens et réduisant le temps partiel subi. Mais l'essentiel n'y est pas: le travail à temps partiel choisi par le salarié n'est toujours pas un droit, mais un pouvoir discrétionnaire de l'employeur qui peut l'accorder ou non en fonction du seul intérêt qu'il y trouve. Même si beaucoup de chefs d'entreprises ont compris son utilité et sa légitimité, il est moins développé en France qu'il ne pourrait et devrait, tandis