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Libération
TRIBUNE

Face aux Etats, l'économie de marché établit des règles, du droit, bref, une «constitution libérale»mondiale. Est-ce, pour autant, une fatalité? La régulation, certes, mais encore?

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publié le 12 octobre 1999 à 1h10

Jamais les pressions n'auront été si fortes pour que la France

favorise l'émergence de fonds de pensions. A écouter les hommes politiques, certains ministres, les chefs d'entreprise (unanimes), les économistes, l'absence de fonds de pension serait un frein terrible à l'économie française. Ni le souci porté au sort des retraités, ni la volonté de repeindre le capital des entreprises en bleu-blanc-rouge ne peuvent expliquer une telle passion. Alors?

Comme souvent, la vérité sort de la bouche des Américains, qui ne s'embarrassent pas d'hypocrisies rhétoriques. Ainsi, dans une interview publiée le 7 octobre par Libération, Felix Rohatyn, ambassadeur américain à Paris, ancien patron de Lazard Frères à New York, invitait la France à se doter de fonds de pensions en précisant, entre autres arguments: «Le capitalisme populaire a donné une culture de propriété aux Américains. Ce qui a eu des répercussions politiques: il y a dix ans, jamais le Parti démocrate n'aurait osé prôner un budget en équilibre, par exemple. Cette culture de propriété a aussi permis d'amortir les chocs des restructurations des grandes sociétés.» Autrement dit: les fonds de pensions et tout ce qui favorise la propriété capitalistique (épargne salariale, stock-options, etc.) permettent l'adhésion définitive des travailleurs/électeurs aux règles du jeu du marché, qu'ils comprennent et qu'ils intègrent. Ces fonds jouent un rôle pédagogique ou, plutôt, «disciplinant», à la fois pour les salariés et pour les gouverneme