«L'ONU, en tardant tant à intervenir au Timor oriental, s'est déconsidérée"» Le reproche, bien envoyé, rebondit des colonnes de journaux aux ondes des radios" La presse vient de faire la preuve de son pouvoir. Sans le flot d'images tombé des satellites Visnews, l'ONU ne serait probablement jamais intervenue.
Maintenant l'heure est venue de se demander comment l'Indonésie a pu croire à son impunité éternelle" Avec une question subsidiaire: les médias n'auraient-ils pas, eux aussi un peu «tardé à intervenir»?" Le grand public et une partie considérable des journalistes ont découvert le Timor oriental en septembre 1999. Les Indonésiens avaient commencé l'extermination en décembre 1975. Si on compte bien, ça fait vingt-quatre ans de silence depuis l'invasion du territoire par l'armée indonésienne. Un silence de 200 000 morts. Un habitant sur trois liquidé dans un désintérêt médiatique indolent, nourrissant sans méchanceté une forme moderne de négationnisme qui fut si utile aux Indonésiens: si c'est pas passé à la télé, c'est pas vraiment arrivé" Pendant presque un quart de siècle, une poignée de militants n'avaient jamais cessé d'alerter la planète. Aux Etats-Unis, le plus célèbre d'entre eux, Noam Chomsky, a érigé le Timor oriental en parabole de la manipulation médiatique et de l'ordre mondial (voir son documentaire Manufacturing Consent). En France, ce sont des immigrés portugais, anciens militaires à Timor, qui ont usé leur confiance de rédaction en rédaction, essuyant refu