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Libération

Un coup d'oeil sur l'au-delà.

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publié le 16 octobre 1999 à 1h13

Plus de 150 tombes juives viennent encore d'être saccagées dans

Berlin rendue à elle-même. Est-on sur le point de faire paraître un guide des cimetières où il fait bon dormir en paix et de ceux qui valent à l'opposé un détour extérieur en direction du mont des Oliviers par exemple? Va-t-on réviser dans nos prières la notion devenue bien relative de repos éternel? Les antisémites de Carpentras, de certains villages reculés d'Alsace ou de Berlin redevenue capitale d'Allemagne veulent-ils réveiller nos morts ou simplement les empêcher de dormir par un singulier cauchemar posthume?

La récente proposition du président de la communauté juive de Berlin de faire installer des caméras vidéo aux endroits stratégiques des cimetières juifs en Allemagne donne à l'angoisse une dimension quasi surréaliste: surveiller morts et vivants à la fois et faire ainsi de la vie une sorte de veille permanente de l'espèce sur elle-même, toutes générations et expériences confondues? Fallait-il que l'on innove de la sorte dans une région au coeur de l'Europe qui a connu tant de miradors et de chiens hurleurs? Éloquent symbole de continuité que cette surveillance permanente des morts et des vivants; est-ce cela que l'on appelle l'égalité et la fraternité, à moins qu'il ne s'agisse d'une solidarité angoissée et prémonitoire: un coup d'oeil sur l'au-delà ne peut pas faire de mal! L'on peut se demander qui veut rassurer qui par télésurveillance interposée: les morts, peut-être, car pour les vivants, cela semb