L'eurocrate nouveau est annoncé: il sera compétent, flexible,
adaptable et sa promotion reposera sur ses seuls mérites. Ce superfonctionnaire européen devrait voir le jour sous peu, comme s'y est engagé Romano Prodi, le président de la Commission. Sa crédibilité personnelle est en jeu: s'il a été nommé à ce poste, c'est pour rompre avec une série de pratiques qui a conduit à de nombreux dysfonctionnements au sein de l'administration bruxelloise et à la démission du collège présidé par Jacques Santer, le 16 mars. Le problème est que la réalité est un peu plus complexe que l'imaginent l'Italien anglophile Romano Prodi et son bras droit, le Britannique Neil Kinnock: leur décision, annoncée à grand fracas le 29 septembre, de bousculer la haute hiérarchie de l'exécutif bruxellois en mutant d'office une bonne partie de la quarantaine de «directeurs généraux» (DG) , montre qu'ils n'ont pas exactement compris comment fonctionnait la mécanique communautaire.
Une réforme de la Commission, aussi nécessaire soit-elle, ne peut reposer uniquement sur les recettes habituellement proposées pour remettre sur les rails les fonctions publiques nationales. Tout simplement parce que la Commission est bien autre chose qu'une simple administration: elle est l'exécutif de l'Union et, à ce titre, elle doit représenter l'ensemble des quinze Etats membres. Autrement dit, l'équilibre «géographique», comme l'on dit à Bruxelles, national en fait, est un élément clef de la crédibilité et de l'acceptabili