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Libération
TRIBUNE

Nous n'acceptons pas que Mumia Abu Jamal soit assassiné. La barbarie à visage américain.

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par Danielle MITTERRAND et Aline PAILLER
publié le 21 octobre 1999 à 1h17

Depuis notre visite à Mumia, en mai dernier, dans le couloir de la

mort de la prison de Green, quelque chose de plus nous lie, au-delà même de la défense des droits de l'homme, qui nous réunit si souvent: nous avons vu le visage d'une victime de la barbarie au fond de cette prison ultramoderne et nous ne sommes pas prêtes à l'oublier! C'est une injustice profonde qui nous précipite dans l'histoire la plus longue et la plus sombre de l'humanité. C'est sans doute dans cet abîme de la barbarie que le regard de Mumia se perdait souvent pendant la conversation. Il devenait alors, pour quelques secondes, plus grand que les murs qui l'enferment depuis dix-sept ans, inviolable dans sa dignité d'homme qui n'accepte pas de mourir. Puis il revenait, attentif, chaleureux, intelligent, terriblement fort de la conscience qu'il a que son combat est celui de tous ceux qui résistent à la barbarie, quel que soit le visage qu'elle se donne. Depuis dix-sept ans, Mumia clame son innocence et demande un nouveau procès pour prouver qu'il n'est pas l'assassin du policier Faulkner. L'accusation n'ayant plus de témoins contre lui (ils se sont tous rétractés), la pression internationale pourtant très grande n'a jamais pu obtenir gain de cause. Mais qui veut-on assassiner? Un journaliste engagé qui était devenu, dans les années 70, «la voix des sans-voix». Un intellectuel lucide et militant, qui reconnaît volontiers l'échec du mouvement noir aux USA, et notamment des classes moyennes. Son analyse de la