La thèse en vogue consiste à soutenir que le Parti communiste
français est mort, ou qu'il serait en train d'agoniser. Un bon analyste comme Jean Christophe Cambadelis considère ainsi dans son dernier livre (1) «le PC historiquement sans objet». Beaucoup d'autres, moins aigus, l'enterre purement et simplement sous le marbre stalinien avec tout le mouvement communiste européen, à la suite de la chute du mur de Berlin il y a dix ans. La réalité est en fait plus complexe: le PCF est sans projet mais il n'est pas sans objet. Il n'y a plus d'avenir et de place sur le Vieux Continent pour une société communiste. Cela ne signifie pas que le PCF n'ait plus de rôle politique ou social à jouer.
La dislocation wagnérienne de l'empire soviétique, la découverte d'abominations (l'ampleur de l'emprise de la Stasi en ex-RDA par exemple) s'ajoutant aux dizaines de millions de morts et au système carcéral mis en place partout, l'échec absolu, irrémédiable, irréversible, inamendable, des régimes communistes, ce faisceau tyrannique a provoqué en France une tardive cure de désintoxication. Parmi les militants du PC eux-mêmes, peu rêvent encore d'établir une société communiste au XXIe siècle; parmi les électeurs du PC (dont les votes ont toujours été, dans les banlieues comme dans les campagnes pauvres, beaucoup plus protestataires que révolutionnaires, au moins depuis une génération), qui se réclame de Lénine, de Staline, de Mao ou de Castro? Le PC n'a donc plus de projet de société qui lui soit pr