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Libération

Economiques. Le mystère des 35 heures.

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publié le 25 octobre 1999 à 1h20

Comment savoir ce qui se passe vraiment dans les entreprises à

l'occasion des négociations sur les 35 heures? Les chiffres diffusés par le gouvernement, qui font référence au nombre d'emplois que les entreprises signataires d'un accord se sont engagées «à créer ou à préserver» en échange des aides de l'Etat, ne sont évidemment pas suffisants pour se faire une idée. Prenez une entreprise en pleine expansion qui s'apprête à créer des emplois en 1999 et faites savoir que toutes les entreprises augmentant leurs effectifs de plus de 6% peuvent bénéficier de généreux subsides. Que se passera-t-il? Il est probable que l'entreprise en question trouvera un moyen de réduire la durée du travail, réellement ou fictivement (officialisation d'une pause-déjeuner plus longue, etc.), de façon à obtenir les subventions.

Toute la question est donc de savoir combien d'emplois auraient été créés sans la loi sur les 35 heures, et surtout combien d'emplois auraient pu être créés si l'on avait utilisé le même argent pour financer de nouvelles baisses de charges, sans contrainte de réduction du temps de travail. Comment faire? En comparant les entreprises ayant signé un accord de réduction du temps de travail à des entreprises «similaires» (même taille, même secteur d'activité) n'ayant pas signé d'accord, Martine Aubry constate que les premières avaient effectivement tendance à créer plus d'emplois que les secondes avant même le vote de la loi, mais que ce différentiel a augmenté depuis lors. Sur cet